Laura Ben Hayoun · Résidence de création
10 – 24 février 2022
Laura Ben Hayoun est née à Valence (France) en 1984. Sa photographie est un espace de tension et de jeu, explorant l’entre-deux et la frontière à travers des histoires intimes envisagées comme des échos de l’Histoire. Elle cherche à rendre visible des récits non conventionnels. L’image est fragmentée et fragilisée par de multiples expérimentations, se mêle photographie, vidéos, dessins, installation.
Par des jeux de réenactement, je propose de rejouer, de chorégraphier des histoires vécues ou incorporées. Ma photographie est un espace de résistance des corps pris dans l’Histoire. Elle convoque des expériences intimes prises dans un système qui les dépasse. La lumière qu’elle capte se réfléchit sur des corps que l’on ne voit plus. Ma pratique questionne aussi la transmission. Elle retrace mon histoire familiale, peuplée de drames évoqués à mi-voix. Ceux du génocide et de l’exil arménien du côté de ma mère. Ceux de l’identité déchirée des juifs algériens, africains et rapatriés, du côté de mon père. Je vis en moi le sentiment de l’entre deux et je lui donne corps avec mes images. Je travaille avec tous les outils que peut m’offrir la photographie : de l’image trouvée sur internet au smartphone, en passant par l’argentique, et plus récemment par des techniques anciennes comme le cyanotype et le sténopé. Chaque histoire a son pinceau et son empreinte de lumière, elle a sa propre matérialité. Je pense toujours au sombre et au clair, au noir et au blanc, au plein et au vide. À la manière des souvenirs transmis de bouche à oreille : la boucle, la répétition, l’épuisement sont au centre de mes images. Ici, l’instant décisif n’existe pas. Il est rejoué, fragmenté ; il révèle son avant et son après. La photographie est ma seule voix ; elle se déploie dans un chœur de gens qui m’accompagnent.
Projet de création
La résidence sera le moment de tester des écritures multiples en les mettant en scène en discutant avec l’équipe curatorial de dos mares et avec les artistes résident.e.s des ateliers blancarde des diverses formes envisagées sur le projet « A la palme et à l’empan », initié en 2017, il sera exposé lors d’une exposition personnelle au musée d’ethnologie de la ville de Barcelonnette (Hautes Alpes) en septembre 2022. Ce travail mélange plusieurs écritures photographiques (téléphone portable, capture écran, photographie noir et blanc et couleur) mais aussi images fixes et mouvement avec un film en 16 mm.
Après des études en anthropologie, elle obtient un Master en réalisation documentaire, et un Master de photographie et art contemporain à l’Université Paris 8. Elle a présenté son travail lors d’expositions collectives et personnelles à Londres, Paris, Nice, La Corogne, Hanovre, Bienne. Elle a gagné le prix de la photographie contemporaine de Vence 2018, elle a été finaliste au Unseen Dummy Award 2019, Plat(t)form 2020 et lors du prix C/O Berlin Talent Award 2020.
Programme de la résidence
10 – 24 février 2022
les ateliers blancarde
Résidence en partenariat avec Diaph8
17 février · 17h-19h · Conversation avec l’artiste
Laura Ben Hayoun présentera à cette occasion l’ensemble de son travail et de son projet de création. Entrée gratuite.
24 février · 16h-20h · Restitution de résidence
Présentation du travail de création réalisé durant la résidence.
Les ateliers blancarde est une initiative dos mares
La création
La création est une période dédiée à ce que nous appelons la recherche appliquée, elle suit l’étape de recherche fondamentale, de documentation et précède la phase de production. Pendant ce temps de création l’artiste multiplie et diversifie les potentielles formes que peut prendre le projet sans pour autant déterminer avec précision ce que sera l’œuvre définitive. C’est un moment pour questionner les formes, l’intention, les enjeux, les modalités de présentation, entre autres, à mi-chemin entre la recherche fondamentale et la production.